En ce dimanche 17 octobre 2021 à Paris, je pensais être plus submergée d’émotion en franchissant la ligne d’arrivée de mon 1er marathon. C’est ce que j’avais visualisé mais peut-être n’ai-je pas assez souffert pour considérer cette ligne d’arrivée comme une délivrance ou personne de connaissance pour se jeter dans les bras et partager…. En tous cas, je suis heureuse, même très heureuse d’avoir franchi cette ligne mythique et avec un temps inattendu et surprenant : 3h43 ! Je savoure ma performance avant de retrouver Franck, mon mari arrivé 8 mn avant moi en un temps record pour lui : 3h35 !
Retour sur mon expérience
Tout commence par une somme reçue de mes beaux-parents qu’on décide de mettre dans l’inscription au marathon de Paris pour le 4 avril 2020 pour nous 2 (Franck et moi). Il faut savoir que c’est quand même un budget (100 euros chacun l’inscription). Mon cadeau des 50 ans, c’est parfait ! Et puis la Covid fait son apparition et le 1er confinement ! Tout s’arrête ! Et l’entrainement commencé début janvier à Poole (UK) dans une belle nature mais dans le froid, le vent et la boue s’arrête aussi. J’avoue que c’est assez rageant de s’être investi autant pour rien mais ce n’est pas dramatique. Reporté une fois, le marathon de Paris 2020 est finalement programmé pour le 17 octobre 2021.
La préparation est la clé de la réussite
Début août 2021, il faut se remotiver pour recommencer l’entrainement dans des circonstances (période, lieu) différentes de ce qu’on avait prévu auparavant. Je m’en sors bien car même si le mois d’août est intense, le mois de septembre est très clément et j’ai du temps pour m’entrainer. Pour bien courir un marathon, tout est dans la préparation. Il faut en effet alterner des courses longues (plus de 2h), du fractionné, du renforcement musculaire, surveiller son alimentation, son sommeil, ses pieds et enchaîner beaucoup de km donc ça demande du temps. Il existe un tas de plans d’entrainement sur le net mais moi j’ai choisi de suivre celui proposé par mon amie Sylvie qui consiste à augmenter progressivement le nombre de km par semaine pour arriver à courir 80 km 3 semaines avant le jour J et d’alterner des semaines un peu plus « cool » avec des semaines un peu plus chargées. En 10 semaines, j’ai parcouru près de 500 km en courant en moyenne 4 sorties par semaine. J’ai beaucoup apprécié les sorties du mois de septembre dans la nature magnifique qui m’entoure entre les chemins des douaniers, la plage (un coup vers Erquy, un autre jour vers Port Morvan) et la Flora (ruisseau et bois plus abrité du vent). Sous le vent, la pluie, le soleil, il fallait sortir courir ! J’ai beaucoup plus couru sur des sentiers que sur route et je m’inquiétais un peu du macadam parisien…. L’avantage du trail, c’est le plaisir des yeux et d’être dans la nature et c’est plus doux pour les pieds et les articulations. Ça fait bien travailler le cardio car par ici, ça monte et ça descend mais attention aux chutes et aux blessures. Le jour du marathon, je ne me suis pas sentie très essoufflée, par contre au bout d’un moment, tu commences à trainer la patte. Ce sont les jambes qui prennent cher et chez moi, mes ongles de pied.
Le jour J approche, c’est l’excitation ! Le plus gros est fait mais on soigne la préparation de ses affaires, la respiration et l’hydratation
A J-5, j’ai un coup de stress au réveil : vais-je tenir cette distance ? C’est vraiment l’inconnu… Et je partage mes peurs sur Facebook. Je reçois de nombreux messages d’encouragement qui me font chaud au cœur et notamment celui d’un très grand sportif « Tu as fait le plus dur, maintenant, c’est que du bonheur ! ». Je décide de le vivre comme ça et de sourire (ça relâche les muscles, parait-il et ça génère des endorphines qui sont des anti-douleurs !).
A J-3, retrouvailles avec Franck à la gare du Nord (il arrive d’Angleterre) et on ne s’est pas vus depuis 6 semaines. On loge au Pecq chez nos bons amis Irène et Matthieu et leurs enfants. Matthieu devait courir le marathon également mais malheureusement, il est blessé. Quel dommage !
A J-2, on récupère nos dossards au Parc des expositions de la Porte de Versailles et je change mon horaire de départ pour être dans le même sas que Franck (3h45 au lieu de 4h). C’est plus pratique pour la logistique. Je m’offre un bon massage aux ventouses chinoises chez mon amie Patricia.
A J-2 et J-1, derniers petits entrainements sur la terrasse de Saint-Germain-en-Laye, on mange des pâtes et on prépare bien toutes nos affaires.
Le jour J : Sourire et être heureux d’être là !
17 octobre 2021, ça y est, c’est le grand jour tant attendu ! Et comme tous les matins depuis 10 semaines, je me réveille plus tôt pour faire mes rituels : réveil des articulations, étirements, respiration (cohérence cardiaque), phrases positives, un petit coup d’eau de mer et le Miam ô Fruits au petit-déj. S’ancrer et puiser dans la routine… Et puis je me masse les jambes avec une synergie d’huiles essentielles avant effort que j’ai préparé, quelques gouttes d’huiles essentielles de Pin Sylvestre au niveau des surrénales et une crème anti-frottement déjà testée sur mes pieds. Me voilà parée ! Malgré ça, pendant tout le trajet de RER jusqu’à Charles de Gaulle Etoile, mes jambes tremblent involontairement. On débouche sur les Champs-Elysées et on descend jusqu’à notre sas de départ. Dernier tour aux toilettes dans les pissotières aménagées et hop nous voici sur la ligne de départ. Avec la musique des Chariots de feu et de Gladiateur, l’émotion me prend aux tripes mais je me sens bien, heureuse et confiante !!! Mon stress est parti, je suis prête !!! Et plein de messages d’encouragement reçus ce matin ! C’est fou comme je me sens portée !
10h11 : Départ tout en douceur car dans chaque sas, ils nous font partir par vagues donc c’est assez silencieux et on n’a pas cette impression de cohue habituelle ou de se sentir bousculé dans la foule des départs en trombe. J’ai beaucoup apprécié ce départ avec de l’espace, de la respiration et assez lent en fin de compte. On nous rabâche tellement les oreilles de ne pas partir trop vite que je me suis freinée (d’autant plus que j’étais dans un sas plus rapide que prévu). L’avenue des Champs Elysées rien que pour nous, la Place de la Concorde sans voitures, la rue de Rivoli avec déjà nos supporters à qui je lance mon pull, la Place Vendôme où je reviens à la hauteur de Franck, la rue de la Paix, la fameuse rue du Monopoly où il faut éviter de tomber, le contournement de l’Opéra Garnier, la Place de la Bastille etc…, on passe vraiment par les endroits iconiques de Paris et il y a du monde pour nous encourager. Dans la foule, j’entends plusieurs fois « Allez Véro » crié par ma sœur Myriam et ses filles et ça fait super plaisir. A l’entrée du Bois de Vincennes, j’interpelle Franck que je vois à 2 mètres devant moi. Il est surpris de me voir et on court côte à côte un petit moment (tout va bien pour nous 2) jusqu’à ce qu’il ait une envie pressante. Ça tombe bien, on est dans le bois de Vincennes, pour un gars, no problème ! Je poursuis ma course et Franck mettra 10 km à me rattraper pour ensuite me dépasser et se retrouver après la ligne d’arrivée. Je me dis que c’est magique d’avoir pu se retrouver à plusieurs endroits du parcours alors qu’il y a 30 000 coureurs.
Au niveau rythme, c’est plutôt cool et facile : 51’47 au 10 km (c’est moins bien que d’habitude mais il faut tenir sur la durée). Idem au 15ème km : 1h17’28 (peut mieux faire – qui va piano va sano) ! Le 21è km arrive à la sortie du Bois de Vincennes et sur la rue de Charenton et là mon chrono indique 1h48’31’’ et ça c’est un bon chrono pour moi au semi-marathon et je me dis Wahou super mais j’ai encore la deuxième moitié à faire !
A partir du 24ème km, on commence à longer les quais de Seine et c’est très sympa aussi. J’aperçois Notre Dame de Paris de l’autre côté de la Seine, le musée d’Orsay, les Invalides et la Tour Eiffel. On a quelques tunnels à traverser dont un de 800 m de long avec un DJ qui nous passe une musique électronique dynamique qui nous motive bien, c’est cool ! Tout le long du parcours, j’ai vraiment adoré les différents orchestres qui ont mis une sacrée ambiance !
Et puis nos supporters préférés nous ont suivis à métro pour nous retrouver à plusieurs endroits du parcours et ça fait vraiment chaud au cœur. Il y a même eu Sarah du côté de la Maison de la Radio. Merci infiniment !
Ça y est je passe le 30ème km en 2h35’29’’ et je suis étonnée d’y être arrivée aussi rapidement et facilement. Mais voilà, le plus dur reste à faire. Je vais les sentir passer les 12 derniers kilomètres. Mon tendon d’Achille gauche commence à me titiller, les jambes deviennent lourdes et le parcours est moins sympa et plus serré. Je peine un peu dans la petite côte du bd Suchet au 34è km et après je rentre dans le Bois de Boulogne. On m’avait dit, « Tu verras, le Bois de Boulogne, c’est horrible, tout le monde s’étire sur des arbres et marche et il n’y a plus grand monde pour t’encourager ». Ce n’est pas du tout ce que j’ai ressenti. J’ai apprécié les grandes avenues et la verdure, une respiration en quelque sorte et un second souffle pour terminer en beauté. J’ai juste marché au dernier ravitaillement le temps de macher et d’avaler une demi-tranche de pain d’épices. Oui en effet, peu de supporters mais les nos amis sont là, eux, avec leurs banderoles, leurs appareils photos et leurs applaudissements ! Et quand Irène me dit « Allez Véronique, tu es incroyable ! », je reçois cette phrase comme un cadeau et un booster pour continuer à courir sur les derniers kilomètres. Merci Irène !
Ligne d’arrivée en vue : la délivrance et le bonheur d’être finisher !
Ça y est, c’est le dernier kilomètre à parcourir, j’aperçois la grande banderole de l’arrivée avec le temps qui s’écoule et là j’entends « Allez Maman ! » et je vois Yohan qui a réussi à venir in extrémis sur le parcours ! Quel bon timing, je suis comblée ! Je franchis cette ligne mythique des « finisher » en 3h43’ et n’en reviens pas ! Je cherche Franck des yeux pour aller le retrouver et nous féliciter.
Ce marathon aura dépassé mes espérances, tout fut incroyablement aligné ! A 51 ans, cela m’a redonné une confiance de dingue ! Merci !!!